Ma vingtaine, ta trentaine, sa dizaine.

Chanson en fond : On ne change pas – Céline Dion (écrite par tonton Jean-Jacques, juste pour préciser).

 Je viens d’une famille de 6 enfants avec une certaine disparité d’âges. Aujourd’hui j’aimerais partager mon expérience en résumant ce que je retiens des « phases d’âges » auxquelles je suis confrontée.

La trentaine : cette période me semble la plus difficile. Pendant la trentaine, on est à la fois très important pour ses enfants et pour ses parents. Et les journées consistent à résoudre les problèmes des uns et des autres. A moins de prendre la décision de plaquer l’un ou l’autre de ces dépendants, on passe le temps à déshabiller Saint Pierre pour habiller Saint Paul : ces 1000 euros qui étaient dans l’épargne pour l’achat d’une voiture dans 1 an, je referai plutôt la cuisine avec. Ces 300.000 FCFA qui devaient m’aider à déménager, je financerai plutôt les obsèques de mon oncle avec.
C’est aussi la saison des bilans. Qu’est-ce-que la vie ne m’a pas donné ? Où en suis-je de ma vie professionnelle ? Est-ce-que ce que je vis, c’est ce que je souhaitais il y a 5, 10 ans pour ma famille ? Que ferais-je différemment si c’était à refaire ? Ce n’était pas une si bonne idée de venir vivre en France…Et si l’an prochain je plaquais tout pour aller vivre aux Etats Unis ?

La vingtaine : ou dans mon cas, le milieu de vingtaine. Je l’appelle la saison des deuils successifs : le deuil de la super héroïne qu’on avait prévu devenir, le deuil de sa carrière idéale, le deuil de son partenaire idéal, le deuil de la chronologie parfaite des événements. Des deuils suivis de grincements de dents, qui prennent du temps à être acceptés. Et aucune promesse ne vous est faite sur de meilleurs jours. Comme dit le poète Khalil Gibran dans Le Prophète, « vous rirez, mais point de tous vos rires, et vous pleurerez, mais point de toutes vos larmes ». C’est un drame. Bon le mot est peut-être fort, je choisirais plutôt ces 5 expressions pour définir ma vingtaine : doute, peur, aucun contrôle, liberté, croissance.

Je me suis toujours définie comme une personne de doute. Je doute beaucoup trop avant d’agir. Je prends des décisions très lentement. Quelle est d’ailleurs la limite de doute à partir de laquelle il s’agit plutôt d’un signe d’immaturité ? Quant à la peur, je pense que c’est un mécanisme de protection, qui par excès a développé très souvent en moi de fausses croyances. La plus naïve et tardive découverte de ma vingtaine est que je contrôle très peu de choses. J’ai toujours cru que je contrôlais tout ce qui m’arrivait et tout ce que je décidais d’accomplir. Le jour où je me suis rendu compte que ce n’est pas le cas, bouleversement ! Sortie de route ! Je me suis sentie exposée et vulnérable comme un œuf cru. Heureusement, il n’y a pas que le doute et la peur qui m’animent. Il y a aussi la liberté. Je ne parle pas de la liberté sans objet, ni d’une liberté en soi. Je suis libre pour quelque chose : POUR pouvoir aimer librement, POUR mener des activités qui ont du sens, POUR être détachée du matériel, POUR me concentrer sur l’essentiel. Enfin la croissance. Ce mot à lui seul mérite son propre article. Je n’ai pas souvent pris le temps de me notifier de tous les changements positifs qui m’étaient arrivé ; dans ma personnalité, dans mon parcours académique, etc.  A présent le processus me paraît plus clair. Et lorsqu’il m’arrive d’être perdue de temps en temps, je me rappelle que parfois j’ai besoin de marcher, peu importe dans quel sens, pour savoir si je suis sur le bon chemin. Un peu comme avec le GPS.

Je parle d’une liberté POUR quelque chose. Île de Gorée.

 

Le milieu de vingtaine, c’est aussi la période où si tu n’es pas marié(e) et si tu n’as pas d’enfant, on considère que tu n’as pas de responsabilité. Et donc tu deviens facilement la secrétaire des affaires de famille. Si tu es dans cette tranche, marie-toi et fais des enfants, dis que tu n’as pas de temps, et à priori on va te laisser tranquille. A priori. Autre possibilité, ignore tout et tout le monde, apparais une fois tous les 6 mois. Je rigooooole ! Bien sûr que je ne suis pas sérieuse… ou bien, le suis-je ?

Fin de dizaine, entrée à l’université, fin d’adolescence. L’enfant intérieur commence à parler et à dire ce qu’il aurait voulu avoir et qui est désormais une urgence. Il est bien marrant cet enfant qui ne parle que quand on le quitte et qui en plus se permet maintenant de faire des caprices. Et il ne te lâchera plus jamais. La fin de dizaine, c’est aussi le moment où les adultes savent absolument tout sur ce que tu devrais faire. D’ailleurs, tu es la seule personne à voir que tu as des problèmes. Tu verras quand tu seras adulte, ce sera pire, donc ne te plains surtout pas. C’est mauvais de se plaindre. Ça prouve qu’on n’est pas reconnaissant de la vie. Et cætera. *Ironie*.  Mon professeur de microéconomie en Licence 1 avait dit durant le premier cours : « c’est trop tard pour changer maintenant. Comme vous étiez au collège/ lycée, c’est comme ça que vous serez ici ». Je ne pense pas que ce soit totalement vrai, mais je pense qu’il a voulu dire que notre personnalité d’adulte était déjà constituée. Ma sœur vit une fin de dizaine différente de la mienne. Etant seule avec les parents qui ont un certain âge, elle a acquis en maturité plus rapidement que moi. Elle a aussi plus de liberté et j’ai hâte de savoir ce que tout ceci va influencer. Même si c’est dur tous les jours de montrer que je ne suis pas inquiète.

En conclusion ! Si de ma petite personne je voulais nous donner à nous tous un conseil, ce serait de toujours s’engager. Pas parce que nous sommes sûrs d’y arriver, mais justement POUR y arriver.

Enlevez-moi toute prétention de savoir tout ce que représente chaque phase, en me décrivant une particularité de la vôtre. Et pour que je puisse en savoir plus, je vous prie de partager cet article avec des personnes de phases différentes qui viendront partager leurs expériences en commentaire.

 

« Il y a autant de chemins qui mènent à Dieu qu’il y a d’êtres humains. » Benoît XVI.

Une jeune fille ingrate et solitaire dans son milieu de vingtaine.

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Cet article a 30 commentaires

  1. MrsKaringthon

    Trentaine période où on a envie de retourner en enfance car la vie d’adultes est souvent trop stressante. Ce qui est amusant c’est que quand on était enfant on voulait être grand pour être libre. La liberté n’a pas d’âge, elle se vit, se pratique et se transmet. Ma Trentaine à moi

  2. Cindy

    Je n’ai jamais mangé le gâteau ci!!!

    1. Bitter cola

      Tu vas manger le gâteau que tu vas m’offrir cette année! 😀

  3. Mama Sadembou

    Bien écrit Zélie 🤗 je ne me retrouve pas beaucoup dedans, mais je vois beaucoup toi et mon cher Yann. On dirait que vous avez grandit ensemble 🤪

    Fin de dizaines et vingtaines, je trouve, est quand tu prends la plupart de grandes décisions dans la vie. Les deuils dont tu parles correspondent plus aux dizaines je trouves. Mais je pense que tu apprends vite de voire la vraie beauté de la vie et des petites choses.

    Je pense aussi que tu contrôles la plupart des choses. Tu contrôles toujours ta réaction aux circonstances et cela est un grand pouvoir 💪

    1. Bitter cola

      A se demander si on aurait grandi ensemble hahah!
      Ta vie est donc un succès 😉

  4. Lorelle

    Tu as résumé notre vingtaine! Beaucoup de doutes sur le choix de vie… mais surtout le fun et la liberté

  5. Syn

    La vingtaine ou la période pour s’engager mais aussi apprendre à composer avec la réalité.

  6. Jordan

    La vingtaine c’est la rencontre de soi avec la dure réalité. Quel choc ?!

  7. Laura Magang Fopossi

    Dizaine: rêve +++, je veux être… je vais aller… et puis bam, les réalités de la vie te rattrape… wake up

    Vingtaine: tu commences à réaliser que j’aurais peut-être pris la mauvaise décision ou emprunter la mauvaise voie. Tous les regards sont sur toi… surtout le regard social… tu te dis : ai-je péché contre Dieu ou les hommes? Pourquoi tout ceci m’arrive à moi alors que les autres semblent avancer ? Période des deuils infinis et des regrets😟🙄😟. Je pense que pendant cette période, c’est le Seigneur qui me faisait tenir le coup 🤝🙏🏽 J’avoue quand même que côté professionnel, tout allait très bien malgré certains mois sans salaire 😂 (c’est le continent 😂). La vie m’a imposée la maturité et la responsabilité que j’ai validé avec bravoure 🫶🏼🤝. L’avenir est reste toujours dans le brouillard

    Trentaine: Toujours des deuils et des regrets… mais on commence déjà à se réaliser; de plus j’ai reçu le plus beau cadeau ❤️… on continue de se réaliser 🫶🏼 YES, WE CAN 💪🏼

    1. Bitter cola

      « La vie m’a imposée la maturité » ~
      Tu as été très forte. Je suis impressionnée!

    2. Armelle ines

      Waouhhh, en dépit de tout tu as tenu et continue de te battre ✊🏼 force à toi 😘

  8. Paule

    Pour mon milieu de vingtaine à moi j’irai un cran au dessus du doute et je dirais que c’est plein de questionnements. Un peu au dessus parce qu’étant une ex enfant de la barrière je n’ai été habitué à vivre que par ou pour les autres; iels donnaient toujours une direction à ce que je devais faire! Je me retrouve alors aujourd’hui face à moi même à devoir décider toute seule de TOUT ce que je fais. D’un côté le moi qui s’en fou parce que bon voilà quoi… et de l’autre celui qui ne veut pas décevoir « les autres »… bref compliqué la vie d’adulte 😩 au moins il y a le côté liberté qui permet de s’épanouir ne serait ce que le temps d’instants géniaux avant de revenir à la réalité 😊
    Merci bitter cola pour cet article c’était un plaisir de le lire et d’avoir ces différentes visions du début de vieillesse🥲 je vais continuer à réfléchir sur la question 🤗

    1. Bitter cola

      La vérité est qu’on continue à chercher le bon rythme…
      Merci à toi pour ton retour d’expérience!

  9. Tchokomeni

    Très instructif ma soeur courage à toi ooo déjà fait l’effort que la trentaine soit comme tu le désir

  10. Bouchie gameni

    Super Zelie ,la vingtaine on est libre ,on fait des choix sans penser aux conséquences et à la la trentaine on commence à regretter nos choix de vie .et on se pose souvent la question

    1. Bitter cola

      En ce qui me concerne, j’essaie de faire des choix que je pense pouvoir assumer dans le futur. Mais comme tu dis, on se pose des questions… et tout le temps!

  11. Les_S

    Beaucoup à dire mais je parlerais du présent “là fin de la vingtaine” période de réflexion intense et de questionnement. Mais bon il faut avancer et y croire. Le continent entier compte sur moi 🥰🥰.

  12. wwd.com

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  13. Armelle ines

    Comment je me vois à chaque étape surtout celle de milieu vingtaine…  « Le milieu de vingtaine, c’est aussi la période où si tu n’es pas marié(e) et si tu n’as pas d’enfant, on considère que tu n’as pas de responsabilité. Et donc tu deviens facilement la secrétaire des affaires de famille. ». C’est tellement réel pour moi qui suit l’une des cadette d’une famille de 7 et de sûr quoi qui s’y connaît en informatique…🤧
    Merci pour blog😘

    1. Bitter cola

      HEEE attends rajoute-moi sur la liste des nécessiteux: j’ai des problèmes en informatique! 😂

  14. Lina

    Vraiment belles analogies pour chaque période.

    Pour la vingtaine, je te rejoins totalement sur la période des deuils malheureusement. Mais ! On peut se dire que chaque fin est en réalité un début. Et je suis entièrement d’accord avec toi dans le sens où on a des plans de vie, et c’est durant la vingtaine qu’on se rend compte que Dieu a d’autres plans pour nous et qu’on doit juste l’accepter.

    Mais j’aime bien cette idée en réalité, car ça nous force à rencontrer la déception jeune, et surtout à embrasser la flexibilité (si j’ai un plan de vie sur tel ou tel aspect, je dois être prête à le voir évoluer avec le temps, voire à ne jamais l’atteindre, mais c’est OK et pas grave).

    Pour la période de la trentaine Dieu merci je n’y suis pas encore donc pas de commentaires 🙂

    Bravo encore pour ce magnifique article dans lequel on sent vraiment une profonde réflexion !!

    1. Bitter cola

      Merci Lina. Je pense que peu importe la période, il faut entièrement assumer le fait quil y a toujours matière à ajustement en nous.