Tu fais des études en économie, n’est-ce-pas?

Chanson en fond : Soon we’ll be found – Sia

Lorsque quelqu’un commence par cette phrase avant de me poser une question, je crains déjà la suite.

« Tu fais des études en économie, n’est-ce-pas ? Dis-moi, pourquoi le tiers-monde ? *»

« Tu fais des études en économie, n’est-ce-pas ? Tu ne crois pas qu’il faille des pauvres pour qu’il y ait des riches ?»

« Tu fais des études en économie, n’est-ce-pas ? Quelle est la priorité actuelle pour l’économie du Cameroun ?»

 

Comment des questions aussi simplement énoncées, générales et claires peuvent-elles être aussi déstabilisantes ? J’imagine que dans n’importe quel domaine, on pourrait trouver des questions du même calibre. Et ce n’est pas qu’on ne puisse pas apporter de réponse à ces questions aux plus agnostiques sur tel ou tel sujet, mais c’est qu’en réalité il s’agit de questions dont la tentative de réponse fait habituellement l’objet de livres entiers. Alors lorsque je fais face à ce genre de question, j’ai un bug.

Il y a quelques années, pendant mes premières années en économie, ces questions pouvaient facilement fissurer ma confiance. Pourquoi étais-je capable d’expliquer clairement la théorie de l’avantage comparatif, la destruction créatrice selon Schumpeter ou encore de quantifier l’aversion au risque, mais j’étais incapable d’expliquer en une unique phrase à ma petite sœur de 12 ans pourquoi on ne peut juste pas imprimer une flopée de billets de 10.000 FCFA au Cameroun ? Est-ce-que cela traduisait une faille dans le système académique adopté ? Je répondais très vite oui. Je me considérais comme une pâte à gâteau en début de formation. On a mis des œufs, du beurre, du jus de citron et après avoir battu 5 secondes, le mélange bigarré et globuleux ne laisse pas envisager un résultat goûteux. Heureusement aujourd’hui je ressens beaucoup moins ce genre de frustration. Non, pas parce que j’ai réponse à toutes les questions, mais parce que j’ai plus d’assurance. Et surtout, j’ai l’humilité de dire « donne-moi une seconde le temps de vérifier ce que je vais te dire, et je te reviens » pour des questions très compliquées. Après avoir rajouté d’autres ingrédients et fouetté plus longtemps le mélange, j’ose croire que la pâte s’homogénéise. 

Je me suis lancée dans des études en économie sans vraiment savoir où j’allais. J’avais une vague ambition de contribuer à l’émergence économique du continent africain. Sans la branche « développement », je ne pense pas que les sciences économiques m’auraient intéressée. Après avoir lu « Pourquoi le tiers-monde » accompagnée de toute l’innocence qui sied à une adolescente de 14ans, le choix a été définitif. Ai-je été déçue par la suite ? Très souvent oui, parfois j’ai l’impression que l’économie comme branche académique n’est pas assez concrète pour résoudre les problèmes de notre société. Et c’est en m’avouant cette faiblesse, que je peux prendre un nouvel élan et progresser. Mais la plupart du temps j’y rencontre la beauté de quelque chose de plus grand. L’économie est omniprésente ; les questions de recherche essentielles fusent de partout, et même là où vous ne les y attendez pas. Et j’apprécie toujours de pouvoir répondre à ces questions pas si banales. 

Puissions-nous nous souvenir que nous avons pleinement légitimité à être à la place où nous sommes. Puissions-nous nous débarrasser de cet encombrant syndrome de l’imposteur. C’est là l’essence-même de Bitter Cola. Donc si vous avez des questions originales qui vous passent par la tête en économie, n’hésitez pas à m’en faire part. Je me ferais un plaisir de partager ce que j’ai appris. En ce qui me concerne, je porte un grand intérêt pour l’économie de la santé, les populations et migration, l’économie des ménages, les normes sociales et l’économie comportementale, entre autres. Vous retrouverez mes sujets préférés dans la rubrique Ubiquituous Economics. Restez connectés, ce sera entraînant. Donc oui! je fais des études en économie. Et honnêtement je ne sais pas grand-chose mais je suis graciée par ma curiosité. Ce blog étant aussi une baguenaude psychologique, je ferai le lien avec ce que mes études ont apporté à ma vocation comportementale et mentale.

Et vous, comment vivez-vous le voyage de votre vocation professionnelle ?

Voilà ! Je n’avais pas beaucoup à dire aujourd’hui, mais ça me fait de plus en plus plaisir d’écrire, d’effacer, de réécrire…


 * “Pourquoi le tiers-monde” Hans Otto Wiebus, Barbara Veit. Il s’agit d’un livre à l’usage de jeunes générations. Mais la simplicité du vocabulaire peut en
inspirer d’autres, ou au moins contextualiser pour des discussions plus précises.

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Cet article a 15 commentaires

  1. Anonyme

    Beaucoup de courage à vous pour la suite de vos études

  2. KoWetRa

    J’aime beaucoup te lire et j’avoue que ça m’inspire pour mes questions personnelles et professionnelles.
    Cependant tu m’as 1 peu devancé sur certaines questions..oui je me suis toujours demandée d’où sort un nom aussi dénigrant que « Tiers-Monde », ou même le mot exotique ou même immigrés qd les « autres » sont des « simples étrangers, expatriés..
    Ensuite que penses-tu de la disparition du franc CFA? Il est temps que ça se fasse non?

    1. Bitter cola

      Autant de questions compliquées 😅 Serai-je à la hauteur?

  3. Anonyme

    Chaque fois que je lis un de tes articles je cherche s’il n’y a un bouton pour « liker » 😂😂. Je crois que je ne sais exprimer mon intérêt que par ça…. l’habitude

  4. Mymy Match

    Chaque fois que je lis un de tes articles je cherche s’il n’y a un bouton pour « liker » 😂😂. Je crois que je ne sais exprimer mon intérêt que par ça…. l’habitude

  5. Anonyme

    Ah Zélie, merci pour le contenu ☺️
    Le monde a besoin des passionné(e)s

  6. Bossadé

    Et si tu mettais l’option pour modifier un commentaire 🤓

  7. Choups

    Ce fameux syndrome de l’imposteur 😅 comme je te comprends. Ça fait plaisir de te lire, Michou !

  8. Armelle ines

    En vrai je dirais que tu es passionnée même si ça
    commence à être difficile. Courage✊🏼